le "programme" ou plutôt une contribution au débat

Le présent texte, sans prétendre à l’exhaustivité, cherche à susciter le dialogue sur les enjeux de la prochaine mandature et obtenir les indispensables précisions de la Mairie. A défaut les engagements des candidats ne seront qu’illusion et tromperie.

Respecter le citoyen, et donc son droit à l'information et à la concertation

Nous manquons d’informations officielles pour que chacun puisse se forger une opinion, connaître les possibilités, définir les priorités, le but étant nécessairement l’affectation la plus efficace possible de la dépense publique par rapport aux besoins exprimés. L’information est le premier droit du citoyen, à la fois contribuable, électeur et donc codécideur du vivre ensemble.

Que sait-on du projet ou des différents chiffrages concernant l’assainissement collectif de Saint-Pierre ? La promesse d’une réalisation d’une maison de retraite a-t-elle donné lieu à une étude ? Quel est l’échéancier des emprunts, certains étant d’une durée de 15 ans ? Qu’en est-il de l’engagement, annoncé coûteux, d’être pilote pour le ramassage sélectif des ordures ménagères ? Quid des perspectives de la communauté de communes « lacs et gorges du Verdon » (LGV) entre les compétences obligatoires et les facultatives ? Voici quelques questions parmi bien d’autres.

Face à ces quelques exemples, nous regrettons :

o   que les réunions du conseil municipal soient aussi espacées et sans réel débat,

o   la disparition du Troumpétoun certes perfectible et non remplacé par la nouvelle publication à parution sporadique, qui est davantage un support d’auto promotion sans contenu précis,

o    l’absence de réunion publique où l’on puisse poser des questions, alors que d’autres maires tiennent chaque année une réunion de compte rendu de mandat,

C’est cet état d’esprit qu’il faut changer, pour respecter les citoyens majeurs que nous sommes et aussi pour déboucher sur les réalisations les plus pertinentes pour les habitants.

Rechercher le qualitatif pour notre économie touristique

J’imagine que dans leur grande majorité, les Tourtourains, natifs ou d’adoption, ne désirent pas de grands bouleversements pour leur village, mais souhaitent lui conserver son charme, son authenticité sans en faire un « village d’opérette » et retrouver davantage de cohésion et de convivialité. Pour autant la quiétude ne doit pas insidieusement déboucher sur l’immobilisme, car Tourtour a une certaine fragilité objective liée à sa taille.

Le village, depuis les années soixante, vit du tourisme, initié par la création du domaine de Saint-Pierre et la construction de la Bastide. L’évolution est éloquente : 406 habitants à Tourtour en 1901, 168 seulement en 1962, 472 en 1990 et 589 en 2010.

Ce développement s’appuie sur les atouts de Tourtour qui sont notamment la beauté de son patrimoine, le charme du village et la qualité de ses paysages.

Ce tourisme a diverses composantes avec des attentes parfois différentes.

Tourisme de villégiature avec environ 400 villas (y compris des résidences secondaires qui deviennent pour partie avec l’âge de la retraite des résidences principales ou à mi-temps). Ces résidents fréquentent le village en fonction de la qualité de l’ambiance, un bon exemple étant l’anchoïade du dimanche midi. Des rendez-vous musicaux de qualité et moins assourdissants seraient sans doute appréciés. Il faut aussi faciliter le parking pour ceux venant par la route d’Aups ou de Villecroze qui sont pénalisés lors de l’utile piétonisation du village.

Tourisme de découverte pour lequel on pourrait sans doute mettre davantage en valeur les curiosités du village avec un guide plus complet et avec une plaque explicative et pédagogique aux différents points remarquables, l’occasion pour les visiteurs de découvrir aussi les commerces les moins visibles. La coopération réciproque des offices de tourisme des alentours devrait devenir plus effective afin d’inciter les touristes à découvrir les villages.

Tourisme de proximité pour les habitants des agglomérations voisines, sur une période qui déborde la durée de la saison estivale. Tout comme les habitants des grandes villes, qui pour sortir, rejoignent tel ou tel quartier animé, les habitants des environs pourraient se dire plus souvent « on monte  à Tourtour ». Mais une attractivité accrue nécessite une offre diversifiée et affinée pour atteindre un effet d’entraînement mutuel entre les commerces.

Tourtour peut sans doute optimiser ses potentialités sans perdre son authenticité qui est un atout majeur. La municipalité a un rôle d’accompagnement, d’aiguillon et de partenaire qui implique une concertation soutenue avec les associations et les commerçants, acteurs de la vie économique de Tourtour. C’est un ensemble de détails qui fondent la qualité du tourisme durable. N’oublions pas que le tourisme profite à tous les Tourtourains car sans lui nous n’aurions pas de commerces à disposition.

Mesurer les enjeux risqués du Plan local d’urbanisme

Le PLU est plus qu’un nouvel intitulé de Plan d’occupation des sols, c’est une démarche prospective sur l’avenir du village pour les vingt prochaines années via un « plan d’aménagement et de développement durable ». C’est le cadre adapté pour définir l’avenir des carrières de granulat.

Le risque n’est pas une constructibilité débridée, la loi montagne, et Natura 2000 posant de strictes limites. A l’inverse le PLU ne doit pas aboutir à l’absence de toute constructibilité dans un département qui connaît une croissance de sa population. Si certains terrains sont mitoyens à d’autres habitations, avec l’eau, l’électricité et un accès possible, il serait illogique qu’ils ne soient pas reconnus constructibles. Il y va de l’intérêt des propriétaires, des voisins (car les terrains non débroussaillés représentent un danger) et enfin de la commune qui avec des rentrées fiscales supplémentaires pourra améliorer les chemins communaux qui ne permettent pas l’accès pompiers ou l’évacuation des résidents. Un rythme limité de constructibilité, constituant une contribution pour la viabilité de la commune, dépendra de l’application retenue pour la notion de hameau. Ne prendre en compte que les Mandins, Saint-Pierre et Beauveset serait inadapté car : le premier, éloigné de 3,5 km est a priori sans projet, le deuxième, déjà largement construit, n’a actuellement qu’une dizaine de terrains viabilisés sur le territoire d’Ampus, et le troisième est au point mort. La notion de hameau et l'interprétation des textes législatifs par l'abondante jurisprudence doivent permettre de densifier des zones d’habitat existantes, au risque sinon de geler l’avenir du village.

Le souhait « étatique » qui serait de voir l’agriculture se développer et de voir augmenter la population de résidences principales, est pour partie un vœu pieux. Par la structure de son sol et de son relief et son climat plus rude qu’en plaine, Tourtour ne deviendra pas par miracle une zone prospère de culture de commercialisation en remplacement de l’agriculture d’autosuffisance des années trente. Certes il faut la favoriser, notamment le créneau bio, ainsi que le pastoralisme pour l’entretien des surfaces, mais cette tendance restera secondaire vu une rentabilité économique qui reste maigre. Par ailleurs, à la différence de Flayosc ou d’Ampus, le village ne peut être choisi que marginalement par les actifs de Draguignan en raison du prix du foncier et de l’éloignement.

Une vigilance accrue pour les ressources en eau et la protection de la forêt

Pour préserver nos ressources en eau, il faut veiller à la protection du Saint-Rosaire et améliorer la qualité de l’assainissement sur la copropriété de Saint-Pierre, gros contributeur fiscal, avec laquelle il faut une étroite concertation. Il faudrait aussi connaître les statistiques de qualité de l’eau du Saint-Rosaire. Le second forage et le second réservoir, seraient-ils utiles, et si oui pourquoi n’ont–ils pas été réalisés ?

Les paysages font partie des atouts du village mais la forêt reste fragile face au risque d’incendie, comme nous le rappelle le dernier grand feu de 1982. De vastes marges d’amélioration existent en rendant de nouveau circulables certains chemins « stratégiques », en créant des espaces de croisement sur les routes dans des zones construites comme le clos de la Colle pour permettre simultanément l’évacuation des habitants et l’accès des pompiers, en développant une action de sensibilisation et de pédagogie pour débroussailler.

Des projets réalistes répondant aux besoins

Le projet du hameau de Beauveset dans sa dernière mouture avait-t-il du sens ? Ajouter 40 coûteuses villas aux 400 existantes était- il réaliste ?  Ce projet a perdu sa motivation initiale qui consistait à rendre possible l’accession à la propriété de jeunes actifs, déjà attachés à Tourtour. Ceci devrait être une priorité car il est anormal que des actifs de Tourtour soient un jour condamnés d’en partir s’ils veulent devenir propriétaires. Il faut sans doute éviter un programme trop ambitieux et chercher à répondre aux besoins avérés par la viabilisation de quelques parcelles à un prix accessible, fixé par le service des Domaines (environ 50 €/ m2) mais dans un cadre d’ensemble cohérent et prospectif. Le lotissement serait réalisé sous l’égide de la mairie sans passer par un promoteur, mais avec un cahier des charges pour préserver la cohérence et l’intégration aux paysages et une clause anti-spéculative. Le reste du terrain municipal pourrait être agrémenté de quelques plantations d’arbres dans la cohérence du plan d’ensemble, de sentiers piétons et d’une piste cyclable pour les enfants, de jardins potagers en location s’il y a des candidats, la réalisation d’un parking « visiteurs », la finalisation de l’éclairage public et l’amélioration de l’accès « piétons » vers le village : en somme donner de l’agrément à cet espace communal qui s’apparente actuellement à un terrain vague.

Quant au locatif, pourquoi ne pas réhabiliter les 4 appartements du château communal Raphélis qui étaient des logements appréciés ?

La bergerie dont la réhabilitation inachevée a coûté cher à la commune doit trouver une utilité. Est-elle vraiment utilisable pour une salle polyvalente comme le promoteur le disait ? S’il est trop coûteux de la mettre aux normes pour recevoir du public, il faudrait lui trouver une autre destination pour ne pas la laisser à l’abandon et récupérer un peu de l’argent investi. Pourquoi ne pas passer des annonces dans les revues ou les sites professionnels pour des artisans en quête d’un nouveau mode de vie à la campane ? Outre les métiers d’art, il y a aussi des artisans qui n’ont pas besoin d’être sur le lieu même de leur clientèle car la très grande majorité de leur travail se fait en atelier, pour un temps limité de pose et de livraison. On connaît tous des artisans qui vivent bien de leur métier dans les villages proches parfois plus petits que Tourtour. Essayer cette piste vaudrait mieux que de ne rien tenter. Bien sûr les travaux sommaires (trois locaux artisanaux et un logement pour l’un deux) ne seraient réalisés (pour partie par la commune pour partie par le demandeur) que lorsqu’un contrat d’installation serait conclu.

L’absence d’une salle des fêtes polyvalente est un paradoxe quand on sait globalement la richesse fiscale de la commune. Cet équipement parait bien nécessaire pour la vie sociale du village et cet investissement est financièrement réaliste si on suit la bonne méthode. C’est un bâtiment moins coûteux au m2 qu’une maison car moins fourni en équipements. Certaines finitions ou améliorations peuvent être réalisées ultérieurement sans compromettre son usage et le plan peut prévoir la possibilité d’un agrandissement futur. Des recettes sont possibles en location (au prix fort pour les extérieurs à la commune) pour des réceptions de mariages ou des séminaires d’entreprises, qui profiteraient aussi à l’économie du village (hôtels, restaurants, chambres d’hôtes…). Outre certaines subventions devenues plus rares et la vente de terrains visées ci-dessus, il faudrait recourir pour partie à l’emprunt, mais il n’y a là rien de choquant quand il s’agit d’un investissement qui servira à plusieurs générations. Elle pourrait être édifiée à l’ouest du terrain de sport avec l’aménagement d’un parking servant le reste du temps aux touristes.

Pour une approche raisonnée des projets

Le contexte budgétaire est caractérisé ces dernières années par l’absence de gros investissements qui a mécaniquement réduit la dette. De plus certains emprunts, dont la durée était de 15 ans, arriveront à échéance, ce qui permettra quelques possibilités d’investissements à condition de bien décider ensemble des vraies priorités, car tout n’est pas possible simultanément. Ainsi, le nouveau mobilier et les travaux pour le bureau du maire et le théâtre de verdure étaient-elles les indispensables priorités ? De plus, le fort taux des impôts locaux (dans 20 premières sur les 153 communes du Var) suppose une stabilité de la pression fiscale locale pendant la mandature. Les taux sont ainsi passés entre 2000 et 2010 de 8,47 % à 11,85% (10,59% en 2008) pour la taxe d’habitation ; de 8,95% à 12.5%  pour la taxe  foncière (11,17% en 2008) et de 81,15 % à 109,4 % pour le foncier non bâti. Globalement le taux des impôts locaux ont augmenté de 40 % en dix ans.

La vidéosurveillance est un sujet sensible mais pas tabou. Il n’y a pas de violence ou d’insécurité, pour laquelle elle se révèle plutôt efficace notamment dans les grandes agglomérations qui peuvent budgétairement la coupler avec un centre de supervision avec du personnel en permanence. A Tourtour, le dispositif adapté budgétairement serait le simple enregistrement qui s’efface automatiquement tous les 8 jours et que la gendarmerie visionne en différé en cas d’incident, donc sans atteinte aux libertés publiques. Comme à Tourtour il s’agit principalement de lutter contre les cambriolages, les caméras devraient être placées sur les routes d’accès (pour filmer le trafic des véhicules et avoir des éléments d’identification) mais très en amont du village si on veut couvrir les villas situées dans les écarts et principales cibles des cambrioleurs. Cette disposition géographique augmente les coûts de réalisation car le lieu doit être éclairé pour filmer de nuit. Le cambrioleur, prévenu de la vidéo par des signalisations réglementaires, pour se laisser identifier « doit » utiliser sa propre voiture sans fausse plaque et pas une voiture volée. L’efficacité en zone rurale est toute relative (10 % pour l’élucidation des cambriolages) Dans le cas de Tourtour, la vidéo est probablement une fausse bonne idée. Si l’investissement initial est subventionné à 40 % par l’Etat, qui ne juge pas de son adaptation aux circonstances locales, elle continue d’être un investissement coûteux (des dizaines de milliers d’euros avec un coût de maintenance de 10 % par an). A étudier donc avec beaucoup de circonspection et réalisme.

L’adaptation des rythmes scolaires pour la rentrée de septembre 2014 n’est pas a priori un problème budgétaire. On cite un coût moyen annuel par élève de 150 € (sans doute plus en zone rurale) dont 50 € octroyé par l’Etat seulement pour 2014. La logique sera de s’appuyer pour partie sur l’association des Diablotins bien rodée, avec le renfort d’autres intervenants spécifiques et de bénévoles, sans omettre la concertation avec les enseignants par souci de cohérence. Les vraies questions portent sur le contenu des activités pour être profitable aux enfants et sur le lieu car l’école n’a pas de salle adaptée. « Gouverner, c’est prévoir », or les récents projets d’agrandissements des locaux auront du mal à être réalisés pour la rentrée scolaire.

Le bio à l’école, pourquoi pas si cela correspond à un choix clair des parents. Le supplément de coût est généralement estimé à 20 %,  soit environ 5000 € par an, sur lequel une participation accrue des parents représenterait une marque d’adhésion (avec quotient familial ?). La présence d’agriculteurs de bio ou de proximité sur la commune est à prendre en considération.

 

Il y a sans doute bien d’autres questions et opinions. Nous sommes disponibles pour débattre sans a priori, avec simplicité, courtoisie et honnêteté.

Cordialement, Nicolas Milosevic